ATELIER BOURGEOIS "Pipe de Roi" 
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Avertissement aux visiteurs de cette page :
L'atelier Bourgeois se visitait dans les années 70. Ne se visite plus actuellement et l'association "Les Amis du Vieux Saint-Claude" lance une démarche de sauvegarde.
L'atelier pipier Bourgeois " PIPE DE ROI" :
Site possédant encore tout son matériel de production de tournerie pipière (activité caractéristique de Saint-Claude) en très bon état, ainsi que son mécanisme hydraulique (roue, engrenages, poulies de transmission), mais qui risque d'être bientôt démoli ?
ATELIER BOURGEOIS "Pipe de Roi"
photo : R. LE PENNEC 2002
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PLAN DE L'ATELIER.
PHOTO DE L'ATELIER
LE MAGASIN
La fabrication des pipes demande de nombreuses manipulations suivant les indications ci-après :
Fabrication de la "Pipe de Roî" cliquez dessus
Atelier
Bourgeois
Notice
historique
Véronique
ROSSI
(archiviste municipale à Saint-Claude
Avec l’aide de Jean MAUREL, professeur d'histoire au Collège du Pré
Saint-Sauveur.
L'histoire de ce site du Plan du Moulin mérite d'être présentée en détail
car elle permet d'appréhender au niveau de Saint-Claude un certain nombre de phénomènes,
relatifs à l'exploitation de la force hydraulique, qui ont pu être étudiés
par ailleurs.
Cette
notice ne saurait toutefois prétendre à l'exhaustivité car les textes des
Archives départementales, notamment, n'ont pu tous être vérifiés et leur
citation repose souvent sur le seul inventaire dressé par Henri HOURS, précédent
conservateur.
C'est essentiellement grâce à la liasse 2H329 des ADJ (fonds de
l'Abbaye de Saint-Claude) que nous pouvons suivre la succession à peu près
complète des propriétaires du moulin qui occupait l'emplacement de l'actuel
atelier Bourgeois. Le premier connu est Jean MARTIN ( acensement de 1441) puis
ses héritiers (partage de 1500-1502 - 2H 327) : on ne sait rien d'eux, sinon
que des Martin ont été échevins de la ville en ce même XVe siècle. Au XVIe
siècle, on trouve Claude CASIER dit RICHE puis son fils Pierre, à qui
l'infirmier acense en 1544 un batteur avec double cens en cire et en
"bled" (froment et avoine). Ces CASIER dit RICHE donnent pour prÈs de
deux siÈcles leur surnom (évoquant peut-être leur aisance financiÈre) au
moulin de Sous la Roche, désigné comme "moulin Riche" au recensement
de 1666 par exemple (AMSC, BB). Nous avons affaire à l'un des 3 moulins
relevant de la directe de l'Infirmier, avec celui du Tomachon et celui du
Faubourg (dit aussi moulin de Crillat) ; ces 3 ouvrages étaient construits sur
le canal de l'infirmier, qui prend origine au barrage de Sous-Jouhan, en aval du
Gour des Taupes, dans la rivière du Tacon.(cf. plan de la fin du XVIIe s. -
annexe 4d). En 1666, Pierre GAILLARD des Bouchoux y est meunier mais le propriétaire
en est l'avocat Jean PARISET, qui le tenait de Michel et Philibert PARISET,
eux-mêmes héritiers en 1655 d'Antoine PARISET (2H 327 : procès avec
l'infirmier en 1655-56, amodiation de 1666. Un état des moulins dressé vers
1670 (ADJ 2H 325) attribue les "moulins et baptoir dit le Plan de
Moulin" aux "héritiers et bénéficiaires de fut sieur avocat Pariset"
; ces derniers sont identifiés à Marc et Jacques Antoine PARISET, par la vente
qu'ils consentent en 1677 à Michel MAILLAT (1621-1687), bourgeois de
Saint-Claude lui-aussi depuis au moins deux générations. Michel MAILLAT est
fils de Claude, qu'on peut sans doute identifier au fils de Pierre MAILLAT,
cordonnier originaire de Saint-Cergues, qui est reçu bourgeois de Saint-Claude
le 11 septembre 1554 avec ses fils Romain et Claude (AMSC BB2).
On
note que sa marraine fut Nicolarde DELACROIX, femme de Neyme GROZ, cordonnier
originaire de Chèzery, tenancière avec sa soeur du moulin de Lay à Marignat
en 1616 (ADJ - 2H 512).
A
cette époque, le moulin est désigné du nom de ses nouveaux propriétaires
comme "moulin Maillat". Le fils de Michel Maillat et de Magdeleine
VUILLERME, sa seconde femme épousée en 1650, Joseph (1655-1727) est attesté
comme leur successeur (reconnaissance de cens de 17,03 à 1712 - 2H 329).
Il
avait épousé tout d'abord Philiberte TOURNIER en 1682 - trois familles
Tournier tiennent des moulins à St-Claude en 1666 - et se remarie en 1718 avec
Marie COLOMB. A son décès en 1727, le moulin passe à sa nièce Marie Josèphe
MAILLAT (1704-1780), fille de son frÈre Alexandre (décédé en 1705),
lui-aussi meunier de son vivant.
Elle
s'était retrouvée seule héritière par la stérilité des 2 mariages de
Michel Maillat et le décès en bas-âge de ses propres frères et soeurs.
De
plus, orpheline de père à 1 an, c'est son oncle Michel qui l'avait élevée,
au point de passer pour son père ; le lapsus du vicaire au décès de ce
dernier est révélateur : il note d'abord la présence de Claude Pierre BUAT,
époux de Marie Josèphe Maillat, comme l'beau-fils" du défunt avant de
biffer et de rajouter "neveu".
Les BUAT sont d'ancienne bourgeoisie et ont fourni des échevins à la
ville au XVIe siècle (mais l'ascendance exacte de Cl.P.Buat n'a pas été démêlée).
Les époux Buat/Maillat mènent conjointement un procès contre le chapitre, hériter
de l'office d'infirmier, au sujet de travaux au canal du moulin en 1741-44. La
propriété passe ensuite à leur fils Jean Antoine BUAT (1732-1783), époux de
Jeanne Claudine CONVERT ; il y est meunier au recensement de 1777, avec 11
enfants et une vache. Un des fils, Jean Claude BUAT (1763-1807) en hérite è
son tour ; il avait épousé Marie Claudîne ROY, fille de négociant ; ils sont
alliés aux JEANGUILLAUME, meuniers aux Moulins. Il semble que ce soi cette génération
qui ait introduit l'activité de tannerie au Plan du Moulin : Jean Claude BUAT
est en tout cas le premier de sa famille à être qualifié de tanneur ou de
marchand tanneur (cf. naissance d'un de ses enfants en 1793 et son décès en
1807).
Concernant cette période de l'ancien-Régime, on constate donc un
certain nombre de faits :
-
le monde des meuniers forme un milieu très fermé, lié toutefois à celui des
cordonniers et des tanneurs ; on s'y marie entre soi et on peut parler de véritables
dynasties, les filles jouant leur rôle quand l'élément masculin vient à
faire défaut.
-
l'abbaye a toujours eu des liens étroits avec les moulins, sources de revenus,
contrôlant les décours d'eau (ou eyrieux) et tirant profit des acensements ;
le partage des prérogatives avec les bourgeois au cours des siècles reste
cependant à étudier.
-
deux modes d'exploitation des moulins alternent : aux Pariset, bourgeois aisés
et hommes de loi (plusieurs sont échevins), qui afferment l'exploitation du
moulin, succèdent des meuniers qui font valoir directement leur bien avec les
Maillat puis les Buat
-
si l'installation de base est bien ici le moulin à grains (en attestent les
redevances en nature de (bled), il est probable qu'on y adjoignit à
certaines époques un battoir à chanvre et, à coup sur, un moulin à tan:
l'origine professionnelle des Maillat dans la cordonnerie le laisse supposer et
la chose est assurée à partir de 1793 ; la serre ou scie, le martinet et la
foule à drap, qu'on rencontre par ailleurs, paraissent ici exclus car jamais
mentionnés comme tels.
Au
cadastre de 1809, on trouve côte à côte sur l'arrivoir du Plan du Moulin 3 établissements
à force hydraulique appartenant aux héritiers de Jean Claude Buat. D'amont en
aval : 1 tannerie (c'est le site exact du bâtiment Bourgeois) puis 2 moulins.
S'il est donc bien établi que l'affectation de ce site à des activités de
meunerie remonte au moins au XVe siÈcle, on ne saurait dire si l'établissement
primitif se situait à l'emplacement du bâtiment Bourgeois ou sur celui des
moulins mitoyens, un peu en aval sur l'arrivoir (aujourd'hui disparus). Un
indice en faveur de la premiÈre hypothèse réside toutefois dans l'existence
d'un sentier menant directement du jardin Bourgeois sur les Etapes : ce sentier
est déjà visible sur la gravure de Tournier (1718).
La tannerie Buat, en tant que bâtiment, perdure jusqu'en 1848, date à
laquelle elle est démolie (cf. matrice cadastrale). C'est la fille de Jean
Claude BUAT, Jeanne Baptiste, qui en hérita et l'exploita avec son mari Joseph
Etienne BUAT (un lointain parent ?), tanneur né à Orgelet en 1784, épousé à
la mort de son père en 1807, alors qu'elle n'avait que 15 ans. Le mari meurt à
40 ans en 1823 et leur fils aîné, Narcisse, né en 1809, lui succède alors
que sa mère est déclarée cafetière au recensement de 1833. Il semble que
l'exploitation ait cessé avec les années 1840 car seule la tannerie
Gauthier-Gradoz (également au Plan du Moulin mais en aval) figure sur les
documents (recensements, matrices des impositions) de ces années-là.
En 1850, en tout cas (doc.4e), le bâtiment n'existe plus. Le nouveau
propriétaire, Xavier BENOIT, confiseur à Saint-Claude, dépose un projet de
moulin à chocolat en 1850-52
(AMSC,0231.1003).
Il le construira finalement à la Coupe et revend donc le sol du Plan du Moulin
en 1853.
L'actuel Bâtiment Bourgeois paraît avoir été construit en 1853 : il
comportait alors un étage de moins avec 12 ouvertures imposables (matrice
cadastrale du bâti) et appartint successivement à Jean Pierre DELATOUR,
tabletier, de 1853 à 1861, puis à Gabriel BURDET tourneur, de 1861 à 1872.
Une surélévation intervient en 1872 puisque la maison compte désormais 20
ouvertures imposables. Les propriétaires successifs sont alors :
- Jean Eugène SAINTOYANT (de 1872 à 1882)
- Henri André (ou Aimé) COTTET, domicilié 10, rue Rosset et imposé
pour son industrie de tournerie par procédés mécaniques au 16, Plan du Moulin
avec 10 ouvriers (patente de 1889), de 1882 à 1908
- Fernand GAUTHIER et la veuve Alexis GENOUD, de 1908 à
1916
- Jules Gustave BOURGEOIS PHILIPPET époux de Léontine Alexandrine
RENARD, tourneur sur bois, de 1916 à 1947 ; il était originaire de Chaux-Neuve
(Doubs)
- André Gustave Léon BOURGEOIS-PHILIPPET, fils des précédents,
pipier, né à Saint-Claude le ler janvier 1911 et époux de Albertine Marthe
Marguerite PROST, dernier exploitant. M. André BOURGEOIS fut l'inventeur du
slogan "Bourgeois - Pipes de roi". Peu lié au petit monde des
pipiers, il pratiquait la vente directe et faisait visiter son atelier aux
touristes et aux groupes avec démonstration à l'appui, en rajoutant bien un
peu (beaucoup) dans l'antiquité et la couleur locale (annexe 4 f-g).
Son système hydraulique resta en fonctionnement jusqu'à la suppression
de l'arrivoir par décision municipale en 1977 (pour des raisons de salubrité
et pour faire passer le réseau d'assainissement); il était à ce moment-là le
dernier à utiliser encore sa roue à eau pour faire tourner ses machines. A la
suppression de l'arrivoir, il s'équipa d'un moteur électrique qui permettait
de continuer à utiliser les machines sans rien toucher à l’ensemble.
Depuis
son décès en 1983, tout est resté en l’état, sans aucune modification,
entretenu religieusement par Mme Bourgeois qui habite au-dessus qui et décède
en 1999. ?