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EN CONSTRUCTION

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La moitié d'une tuile faîtière marquée "Raymond Frères" a été trouvée en 2004.

 

TUILES ET TUILERIES DANS LA REGION DE

SAINT-CLAUDE (JURA)

Véronique ROSSI

Robert Le PENNEC

Tuiles et tuileries de la région de Saint-Claude

1. Aperçu des techniques de fabrication

Nous ne détaillerons pas ici la fabrication des tuiles car de nombreux ouvrages la décrivent en détail notamment la publication des auteurs Henri-Louis DUHAMEL du MONCEAU et Charles-René FOURCROY de RAMECOURT, GALLON et JARS : “Les arts de la construction, L’Art du tuilier et du briquetier”, 1767-1768.

Les phases principales sont les suivantes :

                a) extraction de l’argile

L’opération se fait manuellement au pied des falaises ou au coeur des tourbières. L’argile est ensuite transportée à dos d’homme.

                b) préparation de la terre

Après l’extraction, la terre est mise en tas et on la laisse reposer tout l’hiver pour que la pluie, les alternances de gel et dégel puissent la travailler.

Au printemps on malaxe l’argile à la main et au pied. A Vaucluse et Morez on a employé des cylindres : on ne sait pas grand chose sur la forme et la fabrication de ces cylindres. On pense qu’ils devaient remplacer des opérations qui avant se faisaient à la main et en particulier qu’ils permettaient d’écraser les cailloux blancs de calcaire qui, si on les laissait, auraient fragilisé les tuiles.

“On la broyé dans un moulin qui consiste en une espèce de tonneau immobile, dont le diamètre nous a paru de deux pieds 1/2, et sa hauteur ou profondeur de quatre pieds ; il y a un axe de fer placé verticalement dans son milieu, duquel il part à différentes hauteurs des branches de bois, formant des rayons qui vont répondre tous à des points différents de la circonférence du tonneau ; ces branches sont formées chacune de six couteaux, dont trois fixés de haut en bas et trois de bas en haut : ainsi ils sont dans une position parallèle à l’axe ; ceux qui sont à l’extrémité des rayons ne laissent pas plus d’une ligne d’intervalle entre le couteau et les parois intérieures du tonneau ; cet axe est tourné par un bras de levier d’environ douze pieds de longueur, à l’extrémité duquel est attelé un cheval qui en marchant dans le manège, fait agir tous les couteaux dont il est armé, et coupe ainsi, en différents sens, la terre que l’on a mise dans le moulin, déjà imbibée d’eau, et telle qu’on l’apporte à la tuilerie ; de cette façon tous les filaments, herbes et racines qui se trouvent dans la terre s’attachent aux couteaux, que l’on a soin de nettoyer de temps en temps ; au bas du tonneau, on a laissé une ouverture par où la terre tombe de son propre poids ; si on ne la juge pas assez broyée, on lui fait subir de nouveau la même opération.” Art de fabriquer la tuile et la brique en Hollande. 1767-1768.

Le lavage et la préparation de la terre sont très importants pour la qualité de la tuile et de la brique.

                c) les moules de briques et de tuiles

                Etabli de tuilier et moule en bois, extrait : DUHAMEL du MONCEAU

                 (Henri-Louis), FOURCROY de RAMECOURT (Charles-René),

                GALLON et JARS -  “Les arts de la construction -

                L’art du tuilier et du briquetier” - Paris, 1767-1768)

Jusqu’au XVIIIe siècle les moules étaient faits en bois : le cadre en bois était posé sur une planche que l’on recouvrait de sable pour éviter que l’argile ne colle au support. Les tuiles et briques étaient lissées à la main, avec un morceau de bois ou un fil, sur les anciennes tuiles écailles, on distingue une face sablée et une face lissée.

Au XIXe siècle et aujourd’hui, les moules sont en fonte et ont la forme d’une tuile légèrement plus grande, appelée matrice, ils servent à fabriquer des moules en plâtre qui cassent souvent. Il existe une matrice en fonte provenant des Prés-de-Valfin qui est conservée par Thérèse BRUNET propriétaire aux Prés-de-Valfin.

                Matrice en fonte et tuile du même modèle

                La différence de taille, environ 2 cm de chaque côté,

                est due au séchage et à la cuisson

                (cl. R. Le PENNEC)

                Matrice et tuile superposées (cl. R. Le PENNEC)

                d) le séchage

Après le moulage, les tuiles étaient séchées à même le sol (ce qui explique sur certaines tuiles les empreintes de chat, de poules etc...) ou bien elles sont rangées sur des planchettes en bois et mises en attente dans des séchoirs. Ces bâtiments étaient tout en bois, souvent bas et très aérés, les murs étaient en bardeaux ajourés comme pour les séchoirs à pipes.

Il ne reste plus aucune trace dans les environ de Saint-Claude de ces séchoirs.

                e) la cuisson

Elle était faite jusqu’au XVIIIe siècle dans des fours carrés de 5 x 5 mètres et de 10m de hauteur qui ressemblent à de grandes cheminées. Les foyers pouvaient être simples ou doubles comme à Vaucluse.

La cuisson durait deux à trois semaines, le four contenait environ 5000 tuiles écailles.

Par la suite c’était des fours tunnel type HOFFMANN (cf. tuilerie des Prés-de-Valfin-les-Saint-Claude).

                f) le combustible

Le combustible principal était le bois (cf. tuilerie de la Penne, Moirans). Il semblerait que la tourbe n’ait jamais été utilisée même si dans la demande d’autorisation d’ouverture d’une tuilerie à Bellefontaine il est stipulé que la tourbe serait utilisée.

Aujourd’hui les fours sont alimentés par le gaz et l’électricité ce qui permet de mieux maîtriser les paramètres de la cuisson.

                Atelier de briquetterie du XVIIIe siècle, extrait :

                DUHAMEL du MONCEAU (Henri-Louis),

                 FOURCROY de RAMECOURT (Charles-René),

                GALLON et JARS - “ Les arts de la construction

                L’art du tuilier et du briquetier “ - Paris, 1767-1768.)

2. Aire de diffusion de la tuile locale

Vu leur ancienneté (plus d’un siècle), il est difficile de retrouver des tuiles locales encore en place en 1997, d’autant que pour un repérage “à l’oeil”, la confusion est possible avec les tuiles GILARDONI, de même dessin et de même couleur. Les témoignages recueillis ont permis d’étoffer un peu ce corpus, mais ils portent essentiellement sur les tuiles RAYMOND dites tuiles “à la truite”qui ont le plus marqué les esprits. En l’absence de tout facturier ou d’archives quelconques provenant des tuileries en question, il faut bien s’en contenter.

En tout état de cause, on ne pense pas se tromper de beaucoup en estimant l’aire de diffusion de chacune d’elles à un rayon d’une dizaine de kilomètres à vol d’oiseau.

                Localisation des tuileries et restes de tuiles locales en place (dessin de Michel LANCON)

3. Les différents sites de production

Nos recherches en archives et sur le terrain nous ont permis de localiser 6 tuileries qui ont fonctionné à un moment donné dans la région : elles sont situées aux environs immédiats de Saint-Claude (le Pontet, Vaucluse, Très-Bayard et les Prés-de-Valfin), de Moirans et de Morez. Une septième, celle de Bellefontaine, a été projetée mais nous n’avons pu établir avec certitude si elle a fonctionné ou non. Quant aux tuiles trouvées lors des fouilles de la cathédrale, on ne connait pas à l’heure actuelle leur provenance.

Pour être complet, il faut signaler également l’existence, aux marges du territoire qui nous occupe, d’une tuilerie qui a fonctionné très longtemps à Onoz mais aussi des établissements des Chartreux de Bonlieu, à Bonlieu même (vers 1738-1790) et à la Frasnée (1760-1764). Ces derniers ont été étudiés en détail par J.L. MORDEFROID (“Travaux de la Société d’Emulation du Jura 1995”, 1997). Leur production était destinée en priorité aux bâtiments dépendant de la Chartreuse mais une partie était également vendue “dans un rayon d’une quinzaine de kilomètres” et en particulier, semble-t-il à Clairvaux. Faute de document, le département de l’Ain, pourtant mitoyen au sud et à l’est, n’a pas été pris en compte. Pour le canton de Vaud, lui aussi limitrophe à l’est, le répertoire publié par la section des Monuments Historiques et Archéologie du Département des travaux publics de l’Etat de Vaud (M.H.A.V.D.) mentionne 26 sites, tous situés plus près du lac Léman que des bourgs du Haut-Jura français.

Les argiles utilisées ont deux origines :

- Les argiles sédimentaires provenant de roches calcaires. Les sites utilisés correspondent à des niveaux d’âge argovien ou oxfordien (Jurassique supérieur) : le Pontet, Vaucluse, Très-Bayard, Crêt Pourri.

Il est possible qu’à Morez ce soit des marnes du Bajocien qui aient été utilisées : les Arcets. Mais il faut noter que les marnes argoviennes affleurent aussi au pied du Mont Fier, peut-être ont-elles aussi été utilisées.

- Les argiles glaciaires : argiles lacustres proglaciaires déposées aux coeurs des synclinaux ou au creux des combes.

Elles ont formé les niveaux imperméables à l’origine des tourbières et lacs jurassiens : Prés-de-Valfin et la Penne (en ce lieu les argiles argoviennes affleurent aussi).

                Argile glaciaire sous une tourbière,  drain. Les Prés-de-Valfin        Argile sédimentaire, argovien

                (cl. R. Le PENNEC)          (cl. R. Le PENNEC)

                a. tuiles de la Cathédrale de Saint-Claude : (sondage dans le choeur en 1995)

Argile : ?

Cadastre Napoléonien :

Cadastre actuel :

Coordonnées Lambert :

Historique :

 

               b. tuilerie dite du Pontet (commune de Saint-Claude) : 1547 - ?

Argile : ?

Cadastre Napoléonien :

Cadastre actuel :

Coordonnées Lambert : ?X; ?Y; ?Z

Historique :

Une mention relevée dans le Dictionnaire de ROUSSET, au chapitre “Chaumont-Evènements divers”(tome 2, p. 45) laisse présager l’existence d’une tuilerie dépendant du chapître de l’Abbaye aux environs de Saint-Claude. Elle est laconique : “(...) une concession faite en 1547, par l’aumonier, au chapître, d’un terrain de 8 hectares, pour établir une tuilerie, afin de couvrir les églises et bâtiments du monastère qu’un incendie venait de détruire et éviter les dangers des toitures en sapin...”. L’incendie est daté du 28 janvier 1547 par DOM BENOIT (tome 2, p. 411) qui cite à ce propos une “supplique des habitants (de Saint-Claude) à Charles Quint” de 1550 : “le feu s’emprint au couvent, brula l’église parochiale de Saint-Romain et grande partie de la ville.” Quant à la concession, on la retrouve dans les archives de l’abbaye (côte 2H399).

Lorsque des débris de tuiles furent repérés au Pontet (ancienne commune de Chaumont) par M. TABARD, on ne put donc s’empêcher de faire le rapprochement avec cette mention. Les débris retrouvés consistent en “fragments d’une tuile à crochet munie de 2 trous, modèle ancien, en tout cas antérieur au XVIIIe siècle ; on le fixait avec des clous comme le tavaillon. Les fragments étaient associés à des quantités de débris, notamment une fournée de tuiles ratées, formant un tas, qui atteste la présence d’une tuilerie à cet endroit.

Il est probable que les plateformes derrière la maison du Pontet aient été les zones de séchage (ou même des séchoirs). Il n’y a peut être pas de four car, à cette époque, les tuiles étaient cuites sur place à même le sol. On faisait un tas de tuile et on le recouvrait de bois. On allumait le feu, puis on laissait refroidir. Cette technique est encore utilisée par les potiers d’Afrique : c’est la technique de cuisson en four primitif.” (bulletin des Amis du Vieux Saint-Claude, n°14, 1991, p. 52)

En février 1993, lors du nettoyage des talus par les services de l’Equipement, Robert Le PENNEC a surveillé les travaux. Il a mis en évidence un reste de four : il y avait un reste de mur en briques provenant des parois d’un four, il s'agissait de briques réfractaires. Un sondage avec pelleteuse a été fait au départ du chemin face à la maison du Pontet, il a découvert le reste d’un toit de tuiles écailles qui avait dû tomber d’un hangar. Il est à noter que Monsieur TABARD, alors qu’il était enfant, trouvait dans ce talus des billes en terre amalgamées ou mal formées. Le témoignage de cette fabrication de billes ou perles de chapelets est une première en Franche-Comté.

                Route du Pontet : le four était à l’emplacement de la route,

                à droite derrière le panneau, un amas de tuiles fouillé en 1993,

                à gauche, probablement la plateforme du séchage (cl R. Le PENNEC)

               c. tuilerie dite de la Penne (commune de Moirans-en-Montagne) : vers 1750 - vers 1860, lacunes

Argile :

Cadastre Napoléonien : section A2-116

Cadastre actuel :

Coordonnées Lambert :

Historique :

Le 1er décembre 1779, les échevins de Moirans délibérèrent de la façon suivante (AC Moirans, BB6, f° 62 à 64) : “Il a été représenté que la forêt de Moyrans était épuisée par les fournitures considérables qu’elle a faitte en bois de construction, que la caducité des bâtiments de cette ville la forceroit encore à de plus grandes fournitures, auxquelles il ne seroit pas possible de se refuser, que pour parer à cet épuisement, ou le rendre moins sensible, ce seroit de rétablir la tuilerie qui existait il y a environ trente années près de la grange de l’étang : plusieurs avantages déterminent à ce parti, la terre en cet endroit est très propice à la tuile ; (...) la tuile est une sauvegarde de l’incendie, épargne beaucoup de bois et n’est pas sujette à une réparation aussi fréquente ni un entretien aussi dispensieux que les couverts à tavaillon, ou à gros bardaux (sic) ; la première dépense faitte il en coûte peu pour entretenir un couvert. Tous ces avantages ne sont point diminués par les bois nécessaires à la cuite de la tuille. La tuilerie établie, l’entrepreneur ne pourra faire que deux ou trois cuites par année, ces cuites ne dépenseront pas huit cordes de bois et encore les bois négligés de la forêt suffiront-ils (...). Que l’on compare donc tous ces bois convertis en lambris, tavaillon et ancelles avec ceux qui alimentent le fourneau de la tuilerie, il n’est personne (...) qui ne donne la préférence à la tuile. Cette entreprise est très facile ; le magistrat trouverait aisément des entrepreneurs en proposant la fourniture du bois, lesquels sous cette condition rendroient la tuile à un prix moyen.

Il a été aussi représenté que si le bois de sapin mérite une grande économie, celui de chauffage en exige encore une plus grande par sa rareté et l’épuisement presque entier des coupes, que pour donner du repos à la forêt et lui laisser le temps de se repeupler, il ne paroissoit pas d’autres moyen que mettre en règle le bois de sous Bovant, prel du Puis, Avenières et autres cantons adjacents...”

Contrairement à leurs collègues sanclaudiens et moréziens du XIXe siècle, les édiles moirantins sont donc motivés avant tout par le désir d’économiser le bois et non par la peur de l’incendie. Ils nous apprennent également qu’une tuilerie existait déjà à Moirans vers 1750 “près de la grange de l’Etang”, que le cadastre napoléonien localise à proximité de la route des Crozets, au bord de l’étang dit au XIXe siècle “de la Penne”, et, auparavant “de la Sauge”. La délibération de 1779 est suivie d’effet 3 ans plus tard puisque, le 15 mars 1782, les échevins signent un contrat avec les sieurs Antoine et Joseph MUNIN, bourgeois de Vernantois, en vertu de leur délibération du 1er mars précédent (les délibérations de Moirans présentent une lacune entre janvier 1782 et 1787, elle n’a pu être retrouvée) qui décidait de confier la construction et l’exploitation d’une tuilerie sur des terrains communaux. Le contrat signé pour 29 ans à dater du 1er janvier 1784, devant le notaire MARTIN, stipule l’emplacement désigné pour cette construction, “sur les communaux dudit Moirans, proche de l’étang de la Sauge”. Le magistrat fournira les bois de sapins nécessaires à la construction des bâtiments de la tuilerie, destinés à la fabrication et au logement des ouvriers, puis, au démarrage de la production, 5 cordes de bois de hêtre et 30 voitures de “fascine” (petit bois) par an pour le chauffage des fourneaux.

En contrepartie, les sieurs MUNIER et leur caution, le docteur MATHIEU, médecin à Moirans, s’obligent à tenir à la disposition des bourgeois et habitants de Moirans 30 000 tuiles à crochet par an, au tarif préférentiel de douze livres le mille. Ils sont libres de vendre le surplus comme ils l’entendent. Cette convention ne concerne pas les “thuiles coupes”qui seront vendues 18 livres le mille, ni les carreaux à 24 livres le mille.

Cette convention montre que la tuile courante était alors la tuile plate à crochet (tuile rectangulaire ou tuile écaille, le texte ne permet pas de préciser), la tuile coupe étant considérée comme fantaisie. Il nous a été difficile d’identifier cette “tuile coupe” avec certitude. Le terme revient souvent dans les textes du XVIIIe siècle mais les auteurs qui le citent se gardent d’en donner la signification. Le docteur VOINOT, François LASSUS et Noël BARBE, consultés à ce sujet, avouent leur perplexité mais penchent pour une tuile creuse qui pouvait servir à l’occasion de faîtière. Seul Jean Luc MORDEFROID est plus affirmatif : il identifie la tuile coupe à la tuile canal (“Les chartreux franc-comtois....”, 1997), produite à Nermier et à la Frasnée, en en faisant un synonyme de “tuile creuse”. Le fait qu’elle soit vendue par “millier” est sans doute un indice en sa faveur, car les tuiles particulières (faîtière, tuile de rive, etc...) étaient vendues plutôt à l’unité. La précision a son importance quand on pense que la frontière architecturale entre les couvertures en tuile canal et en tuile plate délimite à peu près le sud et le nord de la France. ROUSSET signale d’ailleurs les tuiles creuses dans le sud de l’arrondissement (Chancia, Jeurre, Lavancia, Epercy). Que la frontière passe par la région de Saint-Claude n’est pas pour nous surprendre : la pierre “bisontinoise”, en dessous de Valfin-les-Saint-Claude, ne marqua-t-elle pas pendant longtemps la limite des diocèses de Lyon, au sud et de Besançon, au nord ?

Un autre enseignement de cette convention concerne les prix pratiqués localement, réputés plus élevés que ceux du bas-pays. Nous disposons de deux tarifs comme base de comparaison, antérieurs, il est vrai à ceux de Moirans et qu’il faudrait tempérer par les taux d’inflation du XVIIIe siècle.

En 1733, la tuilerie de Lantenne dans le Doubs vendait ses tuiles plates trois livres le mille (J. VOINOT, 1995), vers 1760-1764, celle de la Frasnée les vendait 5 livres (J. L. MORDEFROID, 1997). Comment situer les 12 livres de la Penne dans cette échelle de prix ?

Quand au devenir de cette tuilerie, nous en ignorons tout, à part qu’elle ne dût pas excéder quelques décennies. En effet quelque soixante ans plus tard, en 1842, la municipalité de Moirans décide de construire une nouvelle tuilerie sur le territoire de la commune sans rappeler, cette fois, le souvenir d’un établissement antérieur. Du reste, le cadastre napoléonien ne mentionne aucune tuilerie à l’emplacement défini en 1779. Elle entame à cet effet des démarches auprès de la sous-préfecture. Mais l’affaire achoppe sur le principe que “les communes ne doivent pas exploiter, pour leur propre compte, des établissements industriels”, comme le rappelle le sous-préfet de Saint-Claude, BONDIL, dans une lettre au maire du 1er mai 1843. Le maire tourne alors la difficulté en s’entendant, selon des modalités qui ne figurent pas au dossier des ADJ, avec Madame Veuve NICOD de RONCHAUD, résidant au Château du Pin, qui dépose aussitôt une demande pour établir une tuilerie sur sa propriété de la Penne, où elle possède une grange. L’autorisation préfectorale est délivrée le 7 septembre 1843.

                Maison de la tuilerie de la Penne (cl. R. Le PENNEC)

 

Il n’est pas sûr que cette nouvelle tuilerie ait été située sur l’emplacement exact des établissements du XVIIIe siècle même si le secteur concerné est à coup sûr le même. On parlait auparavant de communaux alors que la parcelle A2-116, où des vestiges subsistent, était portée au compte de la Veuve NICOD par le cadastre napoléonien. Deux possibilités sont donc à envisager : soit Moirans avait vendu ses communaux de la Penne aux NICOD au tournant du XVIIIe siècle, soit l’ancienne tuilerie avait été construite à un autre endroit, non loin de là.

La tuilerie du XIXe siècle a fonctionné au maximum une vingtaine d’années : ROUSSET la mentionne en 1856 mais l’Annuaire du Jura de 1867, qui donne des listes précises ne la cite plus.

                Dans la cave, les restes du four carré (cl. R. Le PENNEC)

  d. tuilerie dite de la Fraîte (Frête) ou Vaucluse (commune de Saint-Claude) : 1802 - 1890

Argile :

Cadastre Napoléonien : section D1-99,116

Cadastre actuel :

Coordonnées Lambert : 873,00 X; 162,90 Y; altitude : 620m.

Historique

                Emplacement de l’ancienne tuilerie,

                le four était à l’emplacement des 4 sapins,

                il a été détruit lors de la construction

                 de la desserte forestière

                (cl. R. Le PENNEC)

La pétition de 1811 que l’on évoquait précédemment comporte le passage suivant : “quelque temps après l’incendie général de la ville de Saint-Claude, il s’éleva dans ses environs deux tuileries, la première n’était pas à beaucoup près d’une qualité convenable, quelques particuliers qui en firent l’essay, furent obligés de l’enlever et de couvrir comme par le passé, aujourd’hui on la dit meilleure (...).

La seconde d’après l’employ qui en fut fait, valait beaucoup mieux et coûtait bien moins, mais l’entrepreneur pensant ne pas avoir un débit considérable, l’a abandonné.” (ACSC, 2D8).

Sur cette seconde et éphémère tuilerie nous ne savons rien, de même que nous ne savons pas à quel établissement rattacher cette mention relevée dans “Faïences et faïenceries de Franche-Comté” (L. et S. de BUYER, 1996) :

“Saint-Claude - 1797 - THERIOT quitta sa faïencerie pour assurer la direction de la faïencerie de la Forest.

La Forest (Savoie). En 1797, les deux frères Jacques et Joseph BOUCHARD forment avec DIMIER la société BOUCHARD-DIMIER. THERIOT, venu de Saint-Claude, en fut le directeur. Forest ferma en 1812.”

Sur la première, par contre, que les pétitionnaires ne tiennent pas en grande estime, nous avons pu retrouver suffisamment d’indications pour retracer son histoire avec quelques précisions. Son origine est intimement liée au grand incendie de Saint-Claude qui survint le 1er messidor an 7 (Juin 1799), par temps de bise et détruisit la totalité des maisons de l’agglomération. Un arrêté de police édité (bien inutilement) le 19 ventôse an 7 (février 1799) stipulait pourtant :

“Les maisons de cette commune étant couvertes en bois, et par là même plus exposées au danger du feu, on doit avoir une attention particulière à faire observer exactement les règlements de police...” (ACSC, 8 D). Ironie du sort, le signataire était l’agent municipal BRASIER. Les autorités tâchèrent alors d’oeuvrer pour qu’une telle catastrophe ne se reproduise pas, en favorisant l’usage de matériaux non inflammables dans la reconstruction de la ville. Antide JANVIER, le célèbre horloger du roi Louis XVI, bien qu’établi à Paris, n’oubliait pas sa ville natale, c’est lui qui obtint l’envoi dans le Haut-Jura d’un agent des mines chargé de rechercher les terres propres à la fabrication des tuiles (C. LORGE, 1991). Mais si élus et administration s’étaient donc bien mobilisés dans cette affaire, il semble qu’il faille attribuer à l’initiative privée la réalisation de la tuilerie de Vaucluse, contrairement à la démarche adoptée à Moirans et à Morez.

On ne trouve en effet, nulle trace de cette entreprise, ni de subvention dans les délibérations du conseil municipal de l’époque.

La personnalité de son promoteur montre toutefois que civisme et esprit d’entreprise sont ici indissociables. En effet Joseph-Alexis MOLARD (Clairvaux 1856/Saint-Claude 27-3-1827) était membre du conseil municipal en l’an 11 et en l’an 12, comme il l’avait déjà été au moins en 1792, il était donc bien placé pour connaître la situation financière catastrophique de la ville et son incapacité à subventionner qui que ce soit. Homme de loi - greffier de la Grande Judicature sous l’Ancien Régime, il devint notaire à la Révolution et sera plus tard contrôleur des contributions - il dispose d’un certain revenu (il paie 15 livres de patente en 1790, le plus gros contribuable DUMOULIN payant alors 35 livres) qu’il n’hésite pas à mettre au service de la collectivité : il verse la contribution patriotique en 1790 et souscrit à deux emprunts de la ville en 1793 et 1794. Il fut également membre de la Société Populaire (E. FEBVET, 1988).

La création de la tuilerie s’inscrit dans ces activités civiques. Joseph-Alexis MOLARD apporte les capitaux nécessaires à la mise en route de cette activité et un domaine foncier favorable, ses propriétés de la Fraîte se situent à proximité des gisements argileux de la Rosière, pendants ouest du Crêt Pourri qui avait permis la création de la tuilerie du Pontet au XVIe siècle. En contrebas coule le bief des Trois Bourgeoises qui permettra le lavage du minerai. L’accès par contre en est difficile et l’amélioraion du chemin sera une réclamation constante de M. MOLARD dans ses lettres à la municipalité (ACSC, O216 - 202 VAU et BMSC, manuscrit Crestin).

Il lui manque le savoir-faire ; c’est pourquoi il fait appel à un professionnel pour assurer la production, lui même s’occupant de la commercialisation et comptant sur son influence au sein du conseil pour se voir octroyer les marchés publics. Le premier tuilier que nous connaissons est Claude GRAPPIN, mais peut-être y-en eut-il un autre avant lui qui ne donna pas satisfaction comme le laisse entendre la pétition de 1811. Ce Claude GRAPPIN apprit son métier à Larnaud dont il est originaire, cette commune riche en marnes alluviennes, comptait en 1854 (cf. ROUSSET) 3 tuileries qui occupaient continuellement 20 à 30 ouvriers pour 800 habitants. D’après les actes familiaux, la date d’arrivée de la famille GRAPPIN à Vaucluse peut être située assez précisément entre le 2 avril 1801 (an 9), date du décès d’un fils Gervais à Larnaud, et le 1er janvier 1803 (12 nivrôse an 11) date de naissance de Claude-Marie-Xavier à la Frête

Notons que Claude GRAPPIN signe très lisiblement et témoigne donc d’une certaine instruction. Deux documents capitaux nous renseignent avec beaucoup de détails sur le fonctionnement de la tuilerie menée par Claude GRAPPIN pour le compte de M. MOLARD.

Le premier est une lettre non datée de M. MOLARD, retranscrite par le maire J. J. CRESTIN dans son manuscrit au chapitre de la controverse de 1811, dans laquelle il explique longuement les procédés de fabrication mis en oeuvre par son tuilier (qu’il ne nomme pas) pour justifier les prix de vente que ses concitoyens trouvent trop élevés.

“...dans le bas pays (région de Lons) les terres se tirent près des hangars, à la bêche et sans peine, elles se préparent d’elles-mêmes, elles n’ont besoin ni d’être expurgées de corps étrangers, ni d’aucune semblable manipulation. La tuile sortant du moule s’étend simplement sur la terre et la cuisson se fait communément avec du fagotage, cette cuisson n’ayant aucun besoin d’être poussée fort loin.

Ici au contraire l’extraction des terres et des mélanges sont difficiles et coûteux. La moitié des terres se compose d’un roc pourri qu’il faut extraire à la pioche et à force de bras, l’étendre sur une grande surface pour que les gelées, le soleil et le mauvais temps la fusent ou la divisent, après quoi il faut la hâcher à différentes reprises aussi menu que des feuilles de papier pour qu’il ne reste aucun noyau et pour la débarrasser d’un grand nombre de pyrites ou corps étrangers qui bientôt occasionneraient la destruction de la tuile.

                Détail des restes du four de Vaucluse (cl. R. Le PENNEC)

A ce roc il faut joindre pour l’autre moitié une terre végétale de bon rapport, laquelle devient chère parce qu’on détruit pour toujours le sol productif et que le sol ayant une couche peu profonde, il en faut détruire une grande étendue. Cette terre est remplie d’une grande quantité de petites pierres calcaires dont elle doit être totalement purgée. Il faut ensuite la mélanger avec celle du roc pourri, les hâcher ensemble de nouveau pour en opérer le parfait mélange, les piétiner et battre avec peine et longtemps.

Ensuite vient le moulage bien différent de celui du pays bas. Il se fait sur la planchette où chaque tuile est placée et unie sur la face supérieure par une personne autre que le mouleur ce qui empêche les mouches qui détruisent promptement de s’y attacher. Elle est ensuite placée avec la planchette sur des étagères à couvert jusqu’à parfaite dessiccation, pendant laquelle il faut encore la retourner et l’empêcher de se briser. Pour cette fabrication qui toute est en usage en Italie, en Allemagne, en Suisse dans les environs de Genève et en Savoie, il faut au moins vingt milliers de planchettes qui coûtent au plus bas 3000 f. et dont un tiers est détruit toutes les années, soit en se fendant, soit en pourrissant.

Vient ensuite l’entretien des fourneaux qui est des plus considérable. Il faut tous les deux ans démonter en entier les voûtes et la cheminée en raison du grand feu qu’elles éprouvent car pour résister dans ces montagnes, il faut que la tuile soit portée à la cuisson à plus de moitié vitrification de telle sorte que la majeure partie fait feu dans l’acier comme dans le silex et pour conduire à ce point, elle exige une demi-corde de bois par millier et du gros bois car les broussailles ne lui donneraient qu’une fausse demi-cuisson telle qu’elle suffit pour le pays de plaine.

Aussi ma tuile doit durer un siècle, et depuis neuf ans qu’il en existe sur différents toits, on n’a pas été obligé d’en remplacer une seule tandis qu’il est connu que dans des endroits où elle passe pour être la meilleure, les toits sont retenus au plus tard tous les trois ans.”

Il ressort de cet exposé très complet que la technique adoptée est celle que Michèle GROTE (“Les tuiles anciennes du canton de Vaud”, 1996) qualifie de “à l’allemande”, par opposition à la technique “à la française” où l’on démoule chaque tuile à mesure sans utiliser de planchette individuelle. On ne sait si c’était cette technique qui était en vigueur à Larnaud, mais elle est révélatrice du mélange d’influences qu’on observe par ailleurs dans cette zone de contact qu’est le Haut-Jura.

Le second texte date de 1827, c’est un passage du mémoire rédigé par le lieutenant GUIMET de JUZANCOURT pour le ministère de la guerre “Sur la reconnaissance de la route de Saint-Claude à la Meure”, prouvant éloquemment que la géographie, tant physique qu’humaine, “ça sert d’abord à faire la guerre”  (Y. LACOSTE) :

“La tuilerie fait des carreaux et des tuiles. 4 ouvriers payés à raison de 3 francs les mouleurs et de 1 francs 25 les enfants qui disposent la tuile sur les rayons où elle sèche, travaillent 6 mois de l’année. Un seul mouleur, aidé de l’enfant qui porte, peut faire 1500 tuiles ou carreaux par jour. Les fours contiennent 45 milliers : il faut 4 fois 24 heures pour que la cuisson soit complète, et ce n’est que 15 jours après que le four peut être déformé. La tuile se vend 36 à 40 francs le millier, et le carreau 40 à 60 francs suivant sa grandeur.

La terre qui est d’espèce argileuse se tire à 500 mètres est de la tuilerie, près d’une ferme nommée à la Rozière. Avant de servir à la tuilerie, on la porte au cylindre. Ce cylindre se compose d’une roue alimentée par le ruisseau des 3 bourgeoises, qui fait tourner deux rouleaux en bois, à 2 lignes de distance. On jette la terre sur ces rouleaux, elle finit par les traverser et arrive dans un réservoir, délayée et plus maniable.

La poterie n’a qu’un seul ouvrier qui fait 300 à 400 pots par jour. Le pot se fait sur un plateau de 2 pieds de diamètre, auquel on imprime un mouvement circulaire. Puis on jette dessus un morceau de terre glaise qu’on façonne avec les doigts et auquel on donne la forme qu’on veut atteindre, celle du pot, de l’assiette, etc... Les anses et les becs se placent à part, lorsque la terre a pris un peu plus de consistance.

Après avoir séché pendant 8 jours, le pot est enduit d’une couche de vernis fait avec de la mine de plomb et un peu de terre de Bresse, et chauffé 24 heures au four, puis il est bon à vendre. Les pots se vendent suivant leurs dimensions, leurs formes et le plus ou moins de soins qu’on a apporté à leur confection, depuis 15 jusqu’à 60 cts. Ils se débitent à Saint-Claude.”

                Plan du four de la tuilerie

Entre les deux textes, MOLARD avait fait apporter à sa tuilerie une amélioration technique appréciable en établissant sur la rive droite du bief des Trois Bourgeoises (cadastre 1809, section J-35 bis) un cylindre “qui, écrasant les noyaux de pierre calcaire, débarrasse la terre de fabrique de ce qui nuirait à la bonne qualité de la tuile” (ACSC, 1 N1.1). Cette amélioration, introduite à Morez en 1814, intervient ici peu avant 1821, nous le savons par un procès qui opposa en 1821-1822, M. MOLARD à Mme de SAINT-BRESSON née ROSSET qui revendiquait le terrain dit “Es Chazeaux” où MOLARD avait fait creuser le canal de déviation destiné à alimenter son cylindre.

La seconde innovation remarquée par le mémoire de GUIMET de JUZANCOURT est l’adjonction d’une poterie, mentionnée dès 1813 par l’Annuaire du Jura comme “fabrique de tuiles et de toutes sortes de poteries”, à la tuilerie initiale. La carte jointe au mémoire situe celle-ci à 200 mètres au sud de la précédente mais il est bien difficile, autant dans les documents d’archives que sur le terrain, de distinguer deux établissements. En effet, on n’a trouvé les vestiges que d’un seul four à la Frête et les ouvriers connus sont dits tantôt “potier”, tantôt “tuilier”.

Ainsi, Pierre GRAPPIN (Larnaud 27 Frimaire an 7/Saint-Claude 15-12-1864), le fils de Claude GRAPPIN qui prit sa succession, est déclaré potier, tuilier ou encore tourneur lors des naissances de ses enfants entre 1831 et 1839. Ceci rappelle que l’activité, tant de la tuilerie que de la poterie avait un caractère saisonnier, excluant les périodes les plus froides de l’année. A la naissance d’Emmanuel-Désiré, le 2 janvier 1831, Pierre GRAPPIN est dit tourneur alors que le recensement de la même année, effectué généralement au printemps, le déclare tuilier.

En ce qui concerne la poterie on ne connait que quelques pièces de sa production, notamment une assiette creuse, qui servait paraît-il à transporter le repas d’un des ouvriers habitant à Vaucluse, et un pot à fleurs, conservé par des familles actuelles du hameau. Robert  Le PENNEC a pu, par ailleurs, récupérer quelques tessons à proximité du four qui atteste un type courant de poterie vernissée de couleur verte. Peut-être a-t-elle produit également des carreaux de poêle de faïence, si l’on en croit une statistique de la commune de Saint-Claude établie pour le projet de chemin de fer en 1845 (ACSC, 2F5), on y cite en effet une “poterie- poêle de faïence exportant 12000kg hors du département dont 6/10 sur Lyon et 4/10 sur Besançon.”

Tout au long de son histoire, la poterie-tuilerie de la Frête restera propriété de la même famille, à la mort de Joseph-Alexis MOLARD le 27-3-1827, c’est son petit fils Joseph-Hypolite DEVAUX, né le 8 ventôse an 6 à Saint-Claude (1799), lui aussi contrôleur des Contributions Directes, qui en hérite. La tuilerie-poterie est citée à son nom dans l’Annuaire du Jura de 1833.

Quelques temps après sa mort, le 23-1-1880 à Saint-Claude, c’est son fils Louis-Charles-Alphonse, résidant à Lyon, qui vend le 27-9-1893 “le sol et les aisances d’une ancienne tuilerie” aux consorts CHAPPUIS - PROST-DAME cultivateurs à Vaucluse. Il s'agit en fait d’anciens exploitants qui se sont consacrés à la culture et à la scierie qu’ils avaient créé un peu en contrebas, après l’abandon de la tuilerie-poterie qu’on peut situer au cours de l’année 1890 en recoupant les différentes sources dont nous disposons (matrice des contributions ACSC, 2G8 ; recensements ACSC, 4 F2 ; etc...).

Nous connaissons sans doute la totalité des exploitants de l’établissement depuis Claude GRAPPIN. Son fils Pierre, déjà cité, décide en 1844 de se mettre à son compte et demande “l’autorisation d’établir un four à tuiles sur une propriété qu’il possède au joignant de sa maison d’habitation, située au dit hameau” (ACSC, 6I4) soit aux Adrets de Vaucluse, sur la rive droite du ruisseau. Les recensements attestent qu’il y exerça bien cette activité, avec sa femme née Marie-Augustine MONNET de Fort-du-Plasne, et son fils aîné Emmanuel-Désiré (né le 12-1-1853) mais il est considéré avant tout comme propriétaire cultivateur, comme à son décès en 1864, ce qui montre bien la modestie de cet artisanat.

Le propriétaire de la Frête, M DEVAUX, recrute donc en 1844 un nouveau tuilier-potier pour remplacer Pierre GRAPPIN, ce fut Fr. Alexandre CHAPPUIS que nous sommes surpris de trouver à ce poste assez modeste. Cet Alexandre CHAPPUIS était en effet un des fils du créateur de la papeterie de Sous-le-Pré, le beau-frère de POIRIER (d’où la raison sociale POIRIER-CHAPPUIS), un des grands patrons de Saint-Claude à l’époque. Il est d’ailleurs cité au mariage de son fils en 1853 comme “en son vivant fabricant de papier”.

Nous ignorons la raison de cette rétrogradation sociale, sans doute liée au fonctionnement de la papeterie. Quoiqu’il en soit, les CHAPPUIS travaillent en famille à la Frête : la mère née FAVIER et les filles sont “marchandes de poterie” (recensement de 1851) et le fils Jean-Isidore prend la succession du père à son décès. On le trouve cité sans interruption jusqu’à son propre décès, qui survient en 1880, date à laquelle lui succède à son tour son fils Louis jusqu’à la cessation d’activité en 1890. Dans tous les actes les concernant, les CHAPPUIS sont dits potiers mais la statistique industrielle de 1885 (ACSC, 12 F2) déclare bien une tuilerie à la Frête, employant 4 femmes, avec la mention “très calme”. Les deux types de production ont du perdurer pendant tout le XIXe siècle, même à échelle modeste.

Pour terminer, citons quelques uns des ouvriers dont nous avons trouvé trace ici et là : en 1839 et 1841, Jean-Denis PRUDENT (ou PRUDON) de Courlaoux est “potier” ou “tuilier” et par ailleurs illettré, en 1846 et 1851, Jean-Olivier REFFAY de Vaucluse est ouvrier tuilier à la Rozière. Un immigré, un autochtone : on retrouve le même répartition que pour les exploitants, témoignant l’enracinement d’un savoir-faire venu de l’extérieur.

 

                Pot de fleur fabriqué à Vaucluse, don de Madame PROST-DAME

                Débris de poteries, la ferme est en ruine, il n’en reste plus que les deux clées

                (cl. R. Le PENNEC)

                Assiette fabriquée à Vaucluse appartenant à Mademoiselle COMOY (cl. R. Le PENNEC)

 

                e. tuilerie dite de Morez - les Rivières (commune de Prémanon) : 1810 - ?

Argile :

Cadastre Napoléonien :

Cadastre actuel : section AE-3

Coordonnées Lambert :

Historique :

                Plan (Archives Départementales du Jura)

                (cl. R. Le PENNEC)

Dans une délibération du 25 mars 1908, la municipalité de Morez conduite par Emmanuel JOBEZ, maître de forges, exprime sa crainte que sa ville ne soit un jour la proie des flammes comme ce fut le cas à Saint-Claude et à Champagnole, les Rousses en 1803 et plus anciennement, Orgelet. Elle estime que le seul moyen efficace de s’en prémunir est de remplacer les toitures en tavaillons par de la tuile. Et pour approvisionner le marché local, il est nécessaire de fabriquer des tuiles sur place. La municipalité a donc “fait faire, dès l’année dernière, des recherches de terres et que ses recherches n’ont pas été infructueuses ; sur dix-huit espèces qui ont été envoyées à l’essai, deux ont été jugées excellentes et les tuilles qui en proviennent, placées depuis six mois sur un couvert n’ont pas subi la moindre altération des injures du temps. Ces terres d’une si bonne qualité ont été extraites d’un champ voisin de la petite fabrique du sieur Pierre-Hyacinthe CASEAUX, situé au hameau des Rivières...” (ADJ, M 1405). La municipalité décide donc de subventionner le sieur CASEAUX pour l’encourager à créer une tuilerie aux Rivières.

Ce Pierre-Hyacinthe CASEAUX est bien connu puisqu’il n’est autre que le créateur de l’industrie lunetière à Morez. Venu de Poligny, il installa une clouterie aux Rivières en 1777, qu’il transforma en 1796 en fabrique de lunettes (BUSSOD et JEAN-PROST, 1996). Outre sa clouterie et sa tuilerie, il avait monté en 1800 une entreprise de transport : il s'agit donc d’un entrepreneur du même type que le sieur MOLARD à Saint-Claude, choisi pour ses capitaux et son esprit d’entreprise, non pour ses connaissances professionnelles.

Avant même la mise en service de sa tuilerie, CASEAUX rencontre des difficultés avec les propriétaires des terrains dont il veut exploiter l’argile, ce qui nécessite l’intervention des maires de Morez et de Prémanon et du sous-préfet de Saint-Claude en mars 1810. La procédure suivant son cours, l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées émet le 24 juillet 1810 un avis favorable : il a pu constater que la tuilerie projetée ne concurrencerait pas celle de Saint-Claude, la plus proche mais hors d’atteinte à cause des “chemins presque impraticables”, qu’elle était suffisamment éloignée des forêts et des habitations pour ne pas les mettre en danger de feu et que les communes voisines étaient suffisamment riches en bois pour que sa consommation ne vienne pas gêner l’approvisionnement des habitants en bois de chauffage. Ce rapport impose cependant au four une taille hors d’oeuvre limitée à 6,60m2 pour une contenance maximum de 50 000 tuiles et briques. L’autorisation préfectorale  est délivrée le 24 juillet 1810 ; elle permet à CASEAUX de tirer de l’argile partout où il en aurait besoin dans les limites de la loi en vigueur.

Après la mort de Pierre-Hyacinthe  CASEAUX en 1814, sa veuve et ses fils perfectionnèrent l’installation par un cylindre mû par la Bienne “qui en passant et broyant la terre, écrase les parties pierreuses, facilite la manipulation et donne le degré de perfection qu’on peut désirer”. Entre temps, une délibération du conseil municipal du 27 juin 1811, homologuée par le préfet avait rendu obligatoire l’utilisation de la tuile à Morez (GENOUDET, 1976). Mais là, comme à Saint-Claude, les habitants traînent les pieds, déclarant leurs charpentes trop faibles pour supporter la tuile.

Il ne semble pas que la tuilerie ai fonctionné beaucoup plus longtemps, si l’on en juge par le préambule de l’acte cité plus loin (cf : tuilerie de Bellefonfaine).

                Site de l’ancienne tuilerie des Rivières (cl. R. Le PENNEC)

               f. tuilerie dite de Bellefontaine (commune de Bellefontaine ) : 1835 ? - ?

Argile :

Cadastre Napoléonien :

Cadastre actuel :

Coordonnées Lambert :

Historique :

(ADJ, M 1374) - (cité dans Barbizier, p. 489, 1994)

Le 2 septembre 1835, les sieurs CLEMENT et BOURGEOIS, maîtres de forges à Morez, adressent au préfet une demande d’autorisation pour établir une tuilerie à Bellefontaine. Ils “exposent (...) que depuis longtemps l’administration municipale de Morez exprimait le regret de ce qu’il ne s’établissait pas dans nos montagnes, une tuilerie dont les produits puissent, sans une trop grande augmentation de dépenses, remplacer les toitures en bois qui offrent tant de danger en cas d’incendie.

Les exposants propriétaires dans la commune de Bellefontaine près de Morez, d’une vaste tourbière qu’on peut regarder comme inépuisable puiqu’elle présente une surface de dix hectares par cinq à six mètres de profondeur, et en outre de plus de cent hectares de bois, ont cédé aux instances qui leur ont été faites, de se charger d’une entreprise si éminemment utile au pays.”

Ils prévoient de fabriquer annuellement 250 000 tuiles et briques, voire ultérieurement de la “poterie commune”, en employant exclusivement de la tourbe comme combustible (200m3), et seulement en cas de nécessité, 40 à 50 stères de “bois de sapin”.

La procédure suit son cours pour aboutir à l’autorisation préfectorale du 14-11-1835.

On ne sait pas si cette démarche fut suivie d’effet car on n’a rien retrouvé d’autre concernant cette tuilerie. En tout cas, ROUSSET ne la mentionne pas en 1853.

                g. tuilerie dite de Très-Bayard (commune de Saint-Claude) : 1844 - 1890

Argile :

Cadastre Napoléonien :

Cadastre actuel :

Coordonnées Lambert :

Historique :

                Emplacement du four de tuilier de Très-Bayard (cl. R. Le PENNEC)

La tuilerie de Très-Bayard est la seconde à se créer sur la commune de Saint-Claude au XIXe siècle. Sa date de création coïncide avec celle du départ de Pierre GRAPPIN de la tuilerie DEVAUX-MOLARD à Vaucluse, révélateur peut-être de difficultés dans cet établissement.

Cette nouvelle tuilerie exploite toujours le même gisement que les précédentes, aux abords du Crêt Pourri, mais cette fois sur son flanc sud. Elle résulte de l’initiative de Joseph-Marie ROY (Saint-Claude 1793-Molinges 1867), connu sous le nom de ROY-PESCHOUD, PESCHOUD (ou PECHOUX) étant en fait le nom de sa femme épousée en 1813. C’est un négociant, fils de négociant, qui donne pour parrain à son fils Louis-Hypolite, né le 25-10-1815, le banquier DAVID. Il est propriétaire de la grange de Très-Bayard et la création de la tuilerie apparaît dans ce contexte comme un investissement destiné à faire fructifier un capital acquis dans le commerce - il décédera accidentellement sur le port de Molinges, où il était pour ses affaires, le 26 mai 1867 - et un domaine foncier, et peut-être à “établir” son fils qui prendra lui-même la responsabilité de la fabrication vers 1850.

Sa demande adressée le 3 septembre 1844 aux autorités préfectorales (ACSC, 6I4) manifeste l’intention d’établir une tuilerie “avec les procédés les plus nouveaux de fabrication”. Le four contiendra 40 à 45 000 tuiles ou briques et l’on prévoit 8 à 10 cuites annuelles. La terre et le bois de chauffe proviendront des propriétés du demandeur qui possède plus de 31ha de broussailles sans emploi.

Il embauche 3 frères, Jean-Baptiste, Ferdinand, et Désiré MILLET, dont le patronyme laisse supposer une extraction locale mais dont on ignore où ils ont appris le métier. A dater de son mariage tardif le 19 mars 1851, à 36 ans, avec Marie-Victorine OYSEL de Doucier, c’est son fils Louis-Hypolite qui exploite directement la tuilerie avec sa femme et son beau-frère, François-Xavier OYSEL (ACSC, 1F2 : recensements). A partir de 1866, les liens avec la tuilerie de Vaucluse sont patents : on retrouve en effet à Très-Bayard Jean-Olivier REFFAY et sa femme Félicie JOLY, ouvriers tuiliers, que l’on avait notés à Vaucluse-La Rosière en 1846 et 1851. Et en 1872-1876, c’est la famille de Désiré GRAPPIN, précédement potier à Vaucluse avec son père Pierre en 1851-1856, qui occupe la ferme de Très-Bayard sans que soit mentionné cependant son activité de tuilier. En 1881, la famille ROY réapparaît avec Louis-Victor-Joseph (Saint-Claude 1851-1889), fils de Louis-Hypolite décédé le 10 juin 1870, à qui les actes d’état civil attribuent les “professions” de rentier ou propriétaire et usinier. En 1886, Louis-Joseph ROY loge à Très-Bayard un domestique et trois “ouvriers fabricants de chaux” avec leur famille, ainsi qu’un couple de tuiliers : Alexandre DURAND, 34 ans et Mathilde TISSIER, 27 ans, dont les patronymes indiquent une origine extérieure. Ils logeaient précédemment (en 1881) deux familles de voituriers.

Tout ceci nous renseigne incidemment sur l’activité exercée à Très-Bayard, le voiturage était désormais intégré à la production, ce qui n’était pas le cas à Vaucluse. D’autre part, la production de chaux avait été ajoutée à celle de la tuile par la construction d’un four : la demande est mentionnée dans une lettre du sous-préfet du 27 mars 1882 (ACSC, 6I4). Une statistique communale de 1885 (ACSC, 2F2) donne des éléments plus précis sur l’importance de la tuilerie de Très-Bayard :  elle emploie 12 ouvriers, 1 manoeuvre, 2 femmes et 3 enfants. L’ensemble est jugé “calme”.

Les tuiles ROY sont mentionnées dans l’Annuaire du Jura de 1889, mais l’année 1890 marque la disparition de l’établissement de tous les documents. On remarque la coïncidence de date avec Vaucluse mais, ici, l’arrêt d’une production qui semblait plus dynamique est sans doute lié au décès prématuré de Louis-Joseph ROY le 2 mai 1889 à 37 ans. Sa veuve née Marie CHEVASSUS réside encore à Très-Bayard en 1891, elle remet cette année là l’exploitation des chaux et ciments, qui emploie 6 personnes, aux consorts BARTHOD-MAITRUGUE, c’est-à-dire Alfred BARTHOD, 42 ans, ancien associé de la maison DUVANEL et Cie, fabricants de chaux et ciments à Noiraigue (Suisse), comme l’indique son papier à en-tête, et Onésime MAITRUGUE, 41 ans, sa femme. Outre un représentant, ils logent en 1896, 2 domestiques et une dizaine de manoeuvres italiens, en 1899 (ACSC, 2G8), ils exploitent également la scierie des Combes. Mais de tuiles ils n’en est plus question.

On en a quand même retrouvé des exemplaires dans divers bâtiments, notamment lors de la démolition des immeubles de la rue Voltaire pour la construction de “La Résidence” dans les années 1970, ce qui mit à jour des cheminées en briques marquées “ROY - TRES-BAYARD” (tém. G. BRUNET).

Robert Le PENNEC en 1993, lors de la construction de la desserte forestière de Vaucluse, 100 mètres avant les maisons occupées actuellement, de Très-Bayard, a mis en évidence les restes du four de tuilier, ces restes ont disparu lors de l’élargissement de la route. De nombreuses briques loupées, des tuiles écailles marquées “L. ROY-garantie 3 ans” ont été découverte.

                h. tuilerie dite des Prés de Valfin (commune de la Rixouse) : vers 1854 - 1894 (?)

Argile :

Cadastre Napoléonien :

Cadastre actuel : section AH-146,148,160

Coordonnées Lambert :

Historique :

N’ayant rien retrouvé de plus sur cette tuilerie depuis les travaux de Henri VUITTON et de Robert Le PENNEC, mis à part quelques précisions qui seront indiquées en notes, nous nous contenterons de reproduire ici leurs deux articles parus respectivement dans les n°1 (1977) et n°14 (1991) du bulletin des Amis du Vieux Saint-Claude :

bull. n° 1 - 1977

LA TUILERIE RAYMOND DES PRÉS DE VALFIN

par M. Henri Vuitton, instituteur à Chaux des Prés

Bien connue des vieux sanclaudiens et surtout célèbre par sa “truite” qu’on peut découvrir encore sur certains toits (de remise surtout) aux Prés-de-Valfin, à Valfin-les-Saint-Claude, aux Bez dans le Grandvaux ; dans certaines maisons on en garde même précieusement quelques exemplaires. Antiquités ? Certainement pas, mais c’est une tuile originale et elle a été fabriquée chez nous ! 5

Cette truite nous fait oublier les autres productions RAYMOND, plus communes certes, mais tout aussi répandues. Regardez cette en-tête de facture et jugez de la variété et de la diversité de fabrication !

J’ai retrouvé 5 modèles de tuiles à emboîtement dont un (à raccordement droit donc sans motif central) couvre encore des pans entiers de toits. Vous pouvez voir ces bataillages complets en tuiles plates mécaniques à la Rixouse et aux Prés-de-Valfin. Ces tuiles ne sont pas toujours marquées. Des faitières sont encore en service. Quand à la production de briques elle est très variée. Certaines briques pleines portent la marque de la fabrique. La tuilerie mécanique allait nous faire oublier les tuiles plates manuelles beaucoup plus anciennes mais inusables qu’on retrouve un peu partout plus difficiles à identifier. Toutes ces productions sont soignées et généralement de bonne qualité.

Où se trouvait donc cette tuilerie des Prés-de-Valfin ?

Si les tuiliers habitaient bien ce hameau, la tuilerie était implantée sur le territoire de la Rixouse, au lieu dit-dit “A la Bouchère”, à 1 km des Prés-de-Valfin et à 200 m à peine du chemin des Prés de la Rixouse.

Vous découvrirez un “murger” surmonté de quelques saules : c’était le four. Alentour, quantité de tessons, de tuiles, de briques. Vous remarquerez des soubassements de constructions mais surtout trois grosses pierres taillées dont l’une, énorme, de 2,5m de long sur 0,8m de large et 0,65 d’épaisseur portait encore vers 1950 la chaudière de la machine à vapeur. Un peu plus loin, la source qui alimentait la fabrique. Sous le bois, les marnières, peu profondes, qui s’étendent jusque sous la ferme Rosset en ruine. Des wagonnets amenaient l’argile jusqu’à la tuilerie.

                Plan de la tuilerie

Quand a-t-elle cessé de fonctionner ?

Peu avant 1890. Certains ont connu les derniers tuiliers : deux frères Sébastien et Amédée et leur cousin Elysée. Elysée qui tenait la scierie-battoir du Loutre (incendiée en 1908) est décédé en 1918 aux Prés-de-Valfin. Sébastien est mort à Saint-Claude en 1932 et Amédée à Saint-Lupicin en 1940.

En 1890, Sébastien et Amédée qui s’étaient reconvertis dans la maçonnerie, construisaient à Saint-Claude l’Hôtel de la Gare, dont le toit, qui venait d’être posé, fut emporté par le grand cyclone.

Les fondateurs de la tuilerie étaient leurs pères. Françoid-Emmanuel-Xavier dit “la Toire” et François-Joseph-Napoléon d’où la marque “RAYMOND Frères”. Dans la famille RAYMOND, on ferait remonter plus avant l’existence de cette fabrique : ce serait en livrant de la tuile que le grand-père Jean-Baptiste aurait fait connaissance de sa femme, une demoiselle CONTRESSOUSE.

D’ailleurs sur son acte de décès du 14 juillet 1940, ce Jean-Baptiste est porté cultivateur aux Prés de la Rixouse (ferme de l’Epine proche du Loutre), tandis que ses fils âgés respectivement de 33 et 31 ans sont mentionnés tuiliers.

                FONDATEURS                HERITIERS

?

Sur la matrice cadastrale de la Rixouse, j’ai relevé à la côte RAYMOND Jean-Baptiste terre “A la Bouchère” achetée en 1924 classée tuilerie en 1854. Plus loin il est mentionné “démolie en 1894”.

Les frères RAYMOND sont déclarés tuiliers en 1840 mais la tuilerie n’est classée qu’en 1854. Pourquoi ce décalage ?

PYOT dans son livre “Statistique générale du Jura” (1838) compte une vingtaine de tuileries dans le département dont une seule dans la région de Saint-Claude et il précise par ailleurs “au levant de Saint-Claude”. Ce ne peut-être les Prés-de-Valfin mais très certainement la tuilerie de Très-Bayard - peut-être celle de Vaucluse. Par contre il parle “des hommes laborieux de Cinquétral, la Rixouse, Leschères et Ravilloles qui vont chaque année en Suisse ou dans les pays voisins travailler comme pionniers ou chaufourniers” 6 . Ce que reprend ROUSSET dans son “Annuaire des communes du Jura” (1858) où il note à l’article de Valfin-les-Saint-Claude : “Certains habitants émigrent pendant l’été pour faire des fours à chaux”. Four à chaux, four à  brique, c’était alors pareil et les frères RAYMOND pouvaient travailler dans une tuilerie (en Suisse ou ailleurs). Ce ne serait que plus tard qu’ils auraient travaillé pour leur propre compte. D’ailleurs à l’article la Rixouse, ROUSSET mentionne simplement (en 1858 toujours) : “une tuilerie”, pas de commentaires : c’était donc une fabrique modeste. Pour Valfin-les-Saint-Claude, il est écrit aussi “les maisons sont couvertes en tavaillons” . La tuile des Prés n’est pas encore adoptée.

Nous retiendrons simplement que cette tuilerie a fonctionné moins de quarante ans (1854-1890), sur deux générations.

Quelle était son importance ?

On retrouve les tuiles RAYMOND Frères dans les villes de Saint-Claude, Saint-Lupicin, Saint-Laurent, Morez et dans les villages de la zone ainsi délimitée avec une nette prédominance sur le versant de la Bienne ; le Grandvaux restera très longtemps fidèle au tavaillon. La fabrique aurait même livré en Suisse.

Compte tenu du nombre de tuiles encore en usage, de la quantité de tuiles jetées dans les villages derrière les maisons, de l’importance des produits défectueux entassés à proximité de la tuilerie, vu l’étendue des marnières, la diversité des fabrications et la courte durée de l’activité, cette fabrique devait être importante pour l’époque, c’est-à-dire localement.

Je retiendrai surtout les techniques modernes employées.

Deux inventions ont révolutionné cette industrie :

- 1840 - Fabrication mécanique par GILARDONI

- 1869-1870 - Mise au point par HOFFMANN d’un four à feu roulant continu.

Les frères RAYMOND ont d’abord fabriqué manuellement une tuile plate dite écaille, encore en usage donc, d’excellente qualité, cuite au four traditionnel. La cuisson durant 24 jours, obligeait souvent les tuiliers à pratiquer une autre activité (par exemple tourneur comme à Onoz). La production était limitée et la fabrication restait familiale.

L’achat d’une machine à vapeur provenant, paraît-il, du moulin de la Rixouse, permit l’emploi de machines en particulier d’une presse pour la fabrication des tuiles à emboîtement (dites mécaniques) d’un poids plus faible et d’une plus grande surface couvrante, qui diminuait de moitié la charge à supporter par la charpente. Les moules étaient en fonte. Monsieur BRUNET de Saint-Claude a retrouvé une matrice de tuile losangée.

Les machines auraient été vendues (après 1890) à la tuilerie TOUREZ d’Onoz (près d’Orgelet). Cette dernière a travaillé jusqu’en 1914 et utilisait un broyeur-malaxeur et une étireuse à hélice. Si je n’ai pu savoir l’origine de ces machines, j’ai trouvé à la tuilerie en ruine d’Onoz deux types de tuiles RAYMOND mais le nom avait changé. L’indication était sérieuse.

D’autre part, il y a des tuiles TOUREZ Frères à la Rixouse. Explication : ne pouvant obtenir le règlement des machines vendues, Elysée RAYMOND aurait demandé l’acquittement de sa part en tuiles !

Quant au four, ses dimensions (22 mètres de long sur 7 de large), la disposition des ouvertures, le fait que les plus vieux des Prés-de-Valfin se rappellent avoir vu des tunnels en brique avec une grande cheminée centrale que l’orage aurait démolie, font penser à un four très moderne, à feu continu de type HOFFMANN amélioré que les RAYMOND auraient, dit-on dans la famille, copié à l’étranger. D’autre part des sortes de cuvettes cylindriques en fonte provenant de cette tuilerie pourraient être des vannes de tirage ce qui confirme ce type de four.

Les séchoirs devaient être disposés au-dessus du four. En été les briques pouvaient sécher à l’air libre sous des hangars.

Une inconnue encore : le mode de chauffage. Les RAYMOND achetaient beaucoup de bois mais peut-être utilisaient-ils aussi la tourbe des Prés-de-Valfin ?

Voici une tuilerie moderne, comment expliquer sa disparition au moment même où le tavaillon responsable d’incendies est de plus en plus délaissé ,

Plusieurs raisons peuvent être avancées :

1) La mécanisation ayant considérablement augmenté la production, les marnières s’épuisaient et il fallait aller chercher toujours plus loin, en direction de la ferme Rosset, une argile de moins bonne qualité. Les cailloux plus nombreux, écrasés au boyeur, donnaient à la cuisson des efflorescences de sulfate de chaux blancs indestructibles mais surtout rendaient par leur transformation en chaux, la tuile gélive.

2) Si en 1838, PYOT notait une vingtaine de tuileries dans le Jura, MELCOT dans son dictionnaire historique et géographique en relevait en 1885 plus de cinquante (avec de nombreuses omissions dont la tuilerie des Prés-de-Valfin). Mais surtout l’extension du chemin de fer amenait toujours plus près les productions de Bourgogne. (...)

3) Modernisation coûteuse, production parfois défectueuse, concurrence, l’entreprise ayant dépassé le cadre familial devait connaître des difficultés financières. D’après les anciens des Prés, l’entente ne règnait pas toujours entre les trois associés et un matin à la suite d’une dispute chacun rentra chez soi ne retournant plus à la fabrique. Ainsi aurait pris fin la tuilerie RAYMOND Frères (et cousin) des Prés-de-Valfin.

Reste le mystère de  “la truite”.

“La Truite” est une tuile à côte, à raccordement croisé, la queue du poisson répartissant l’eau sur les tuiles inférieures. Il y avait déjà la tuile appelée marseillaise qui figure sur l’en-tête de la facture, c’est une tuile à côte de même dimension que “la truite”, seul le motif central change. Le Loutre proche était un ruisseau à truites. Image du poisson glissant dans l’eau, tuilerie du Loutre, le rapprochement était facile, c’était aussi une façon originale de lancer un modèle mouveau et puis c’était plus poétique et tout aussi efficace qu’une simple nervure !

Il semblerait que “la truite” fut bien l’un ou le dernier modèle RAYMOND. Elle fait l’admiration de Monsieur JACOB, dernier tuilier du Jura. A titre de comparaison, signalons que la tuilerie de Commenailles ne produit qu’un modèle de tuile mécanique qui représente 90% de la production, le problème difficile de la cuisson  oblige à ne produire que des tuiles ou que des briques. La production journalière est de 24 à 30 000 tuiles ce qui correspond à la couverture de 5 ou 6 maisons, la fabrique emploie une centaine d’ouvriers, la fabrique est presqu’entièrement automatisée. Un four type HOFFMANN était encore en service il y a une dizaine d’années.

En conclusion :

Les RAYMOND étaient des artisans habiles, ingénieux n’hésitant pas à adapter les techniques les plus modernes, le tout avec une pointe d’originalité, qualité qui fait souvent défaut à notre époque.

                Situation de la tuilerie sur l’ancienne carte en hachures

                Situation du four de la tuilerie des Prés-de-Valfin

                (cl. R. Le PENNEC)

bull. n° 14 - 1991

QUATRE TUILERIES DANS LA REGION DE SAINT-CLAUDE

Conférence de Robert Le PENNEC présentée aux Amis du Vieux Saint-Claude le 4 décembre 1990

Mise en forme par Véronique Rossi

La tuilerie des Prés-de-Valfin

Les Amis du Vieux Saint-Claude ont été les premiers à faire revivre le souvenir de cette tuilerie grâce à M. Henri VUITTON, dont la conférence a été publiée dans le bulletin n°1 de l’association, aujourd’hui épuisé. Il restait à étudier de plus près l’activité de cette tuilerie et ses procédés de fabrication. C’est ce à quoi s’est attelé en 1986 Robert Le PENNEC avec son équipe, notamment Marie-Hélène MACHU, animatrice de l’atelier de poterie.(...)

L’argile provenant des marnières voisines était acheminée par wagonnets, on en a du reste retrouvé un spécimen à 1km de là. Les restes du four carré, constitué d’un mur de pierres sèches de 80cm doublé d’un mur de briques de 80cm également vers l’intérieur, sont encore visibles au milieu d’un bosquet de saules. Les fouilles ont mis en évidence la présence d’un autre four, un tunnel de 20m de long avec 5 ouvertures sur le grand côté. On y empilait les tuiles ou briques, on les recouvrait de bois, de charbon ou de tourbe selon les régions, et on allumait le tout pour faire un foyer. On recommençait la même opération à l’autre bout du four, pendant que la tournée précédente finissait de cuire et se refroidissait.

La technique était de déplacer le foyer, plus tard, on a inventé le four Hoffmann qui permettait de déplacer les briques mécaniquement sur des wagonnets, le foyer restant toujours à la même place : c’est la technique du four à feu continu.

Sur le site des Prés-de-Valfin, on remarque plus aisément les trois grosses pierres qui supportaient la machine à vapeur, ancêtre des moteurs électriques, qui faisait tourner la malaxeuse et les presses. Elles semblent provenir des ruines de la ferme Rosset, toute proche qui justifierait elle-même une étude.

Ses bases correspondent en effet à une ancienne construction en pierres de taille et elle possède encore un magnifique linteau de porte, rarement rencontré dans le Haut-Jura.

                Détail des restes du four tunnel des Prés-de-Valfin (cl. R. Le PENNEC)

Le visiteur ne trouvera par contre plus guère de traces de la production de la tuilerie, alors que le tas de déblais était encore fort riche en 1986. Citons ici le rapport de fouilles adressé en 1987 au Directeur des Antiquités Historiques de Franche-Comté :

“La fouille des déblais était programmée pour cette année, malheureusement, quand nous nous décidons à commencer, malgré la pluie, au mois de juin, nous arrivons sur place pour constater que le tas de déblais a disparu. Nous apprendrons quelques jours plus tard qu’un bulldozer, 2 ou 3 jours auparavant, l’avait poussé pour remblayer le chemin qui mène au four.

Il ne nous reste plus qu’à récupérer quelques débris éparpillés : les déblais des déblais. Quelques sondages sont faits à l’emplacement de l’ancien tas : il ne reste que deux à trois centimètres de matériaux. Nous y avons trouvé, à moitié écrasé, des tuyaux cylindriques de 400mm de long et de 80mm de diamètre, des briques pleines et quelques pavés carrés non marqués.

C’est à ce moment là que nous prenons conscience de tout ce que l’on a perdu :

1) la stratigraphie de la production

2) les tuiles mal cuites et les malfaçons (les tournées mauvaises auraient peut-être permis de déterminer le volume du four)

3) les pavés et les briques non marqués du nom de la fabrique

4) les fabrications réduites telles que les faîtières et les fours à pain.

Bien que toutes les tuiles mécaniques portent la marque de la fabrication, dans les déblais nous avons trouvé deux morceaux d’une tuile que nous n’avons jamais retrouvée dans les alentours.

Nous avons alors changé de méthode et nous avons commencé l’inventaire des tuiles en service actuellement aux villages des Prés-de-Valfin, des Prés-de-la-Rixouse, de Noirecombe et de la Rixouse. Nous avons ainsi répertorié :

- 7 sortes de tuiles mécaniques

- 5 sortes de tuiles écailles

- 3 sortes de briques creuses

- 1 sorte de tuyau

- 1 sorte de pavé drain

- 4 à 5 sortes de pavés.

Un test de cuisson sur l’argile des marnières voisines a donné les résultats suivants : l’argile crue contient quelques éléments organiques tels que roseaux et racines..., elle est de couleur gris-bleu, marbrée par endroits de blanc et de marron. Le test semble confirmer l’absence de lavage de l’argile pour le façonnage des briques. Un test de malléabilité confirme l’absence de cailloux et de graisse et la très bonne plasticité de cette argile.”

                Détail du four carré en cours de fouille, les Prés-de-Valfin (cl. R. Le PENNEC)

                Les marnières, les Prés-de-Valfin (cl. R. Le PENNEC)

Cette campagne de fouilles a permis à M. Le PENNEC de reconstituer en quelque sorte le catalogue des productions RAYMOND Frères que d’aucuns reconnaîtront au hasard de leurs promenades. Les plus beaux exemples demeurent la maison BRUNET aux Prés-de-Valfin et deux maisons au centre de la Rixouse (pour combien de temps encore ?) avec leur pignon entièrement recouverts de tuiles écailles plates faisant office de tavaillons. On reconnaît des tuiles à losange sur les toits de Valfin-les-Saint-Claude et de la Rixouse, des tuiles à deux traits à Noirecombe et à Pratz, sans parler de la célèbre tuile “à la truite” dans toute la vallée de la Bienne.

Les briques RAYMOND décorent aussi de nombreuses facades de Saint-Claude sous forme d’entourages de fenêtres. Citons l’immeuble n°4 avenue de la gare ayant appartenu aux héritiers RAYMOND, reconvertis dans la maçonnerie après la fermeture de leur tuilerie. La décoration par briques était très en vogue au début du XXe siècle. Mais il s’agissait souvent de briques vernissées en provenance de Bresse (cf. l’ancienne brasserie Erb au Faubourg Marcel).

                Plan du four (dessin R. Le PENNEC, 1990)

                Pignon en tuiles écailles, anciennement maison RAYMOND Frères,aujourd’hui

                appartenant à Mme Thérèse BRUNET, les Prés-de-Valfin (cl. R. Le PENNEC)

                Pavés de brique, maison Mme Thérèse BRUNET, les Prés-de-Valfin (cl. R. Le PENNEC)

                Autorisation de mise en service de la machine à vapeur

4. Catalogue des modèles de tuiles et de briques retrouvées

Conclusion :

Au terme de cette étude, nos conclusions quant à la place de la tuile dans la tradition locale sont nuancées.

Un point bien établi est que, loin d’être une concession récente à la modernité, l’usage de la tuile en toiture a une histoire déjà longue à Saint-Claude et dans ses environs, même si cette histoire s’écrit en pointillés. Retracer cette histoire a permis de mettre en lumière la complexité des influences qu’a subit le secteur au fil des siècles.

Pour autant, on ne saurait définir un type de tuile véritablement local, car on a rencontré ici et là, à un moment ou à un autre, une grande variété dans les modèles et les types de fabrication ; sans compter la non moins grande variété des matériaux de couverture en général.

On peut cependant s’accorder à considérer le catalogue RAYMOND comme une sorte de référence : c’est le plus complet, le plus original et le mieux connu. Et le fait que, plus d’un siècle après leur fabrication, on trouve encore des tuiles RAYMOND en place et en état en dit long sur leur qualité et leur adéquation au climat. Elles méritent bien qu’on en tire leçon dans les projets d’urbanisme.  

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Documentation

                a. archives

Archives du Ministère de la Guerre :

- “Mémoire sur la reconnaissance de la route de Saint-Claude à Moirans”/Lieutenant GUERIN. - 1827

- “Mémoire sur la reconnaissance de la route de Saint-Claude à La Meure”/Lieutenant GUIMET de JUZANCOURT. - 1827

Archives communales de Saint-Claude (abr. ACSC) :

                série AA1 (F° 206) : “Abrégé chronologique de l’établissement et des antiquités de la royale abbaye de Saint-Claude” par Jean Claude PERNIER (1723) - Manuscrit DUMOULIN (XVIIIe s.)

                série BB et 7D : registre des délibérations du conseil municipal

                série 2D8 : incendie

                série 8D : registre des arrêtés

                série 1F : recensements

                série 2F : statistiques industrielles

                série 2G : contributions

                série 6I : établissement insalubres et incommodes

                série M : bâtiments

                archives de l’ancienne commune de Cinquétral : séries M (bâtiments) et 6D (assurances)

Archives communales de Moirans (abr. AC Moirans) :

- Atlas cadastral napoléonien et état de sections (ST mairie)

- BB6 (délibérations du CM)

Archives départementales du Jura (abr. ADJ) :

série : 2H : Fonds de l’abbaye de Saint-Claude

série : 9M : Industrie

Bibliothèque municipale de Saint-Claude (abr. BM S C) :

Manuscrit de J.J. CRESTIN

Amis du Vieux Saint-Claude (abr. AVSC) :

Fonds iconographique ; dossier “chapelle de Lect”

                b. témoignages oraux

- BARBE (Noël) : chercheur aux Musées des Techniques et Cultures Comtoises (Salins) - entretien téléphonique mai 1997.

- BRUNET (Marcel) : couvreur-zingeur en retraite, Saint-Claude - entretien du 22-05-97. Son ex-épouse Mme Marie-Thérèse BRUNET, est une descendante des RAYMOND des Prés de Valfin ; elle a aussi été entendue.

- LASSUS (François) : auteur d’une enquête non publiée sur les couvertures en Franche-Conté - entretien téléphonique, mai 1997.  

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                c. bibliographie

- “Annuaire du Jura” - XIXe siècle

- BARBE (Noël) - “Variations sur la terre, l’eau, le feu et les pierres” in: Barbizier n°20, 1994 - Besançon : Folklore comtois ; impr. Thise et Demontrond,  1995. - 639 p. : ill.

- BENOIT (Dom Paul) - Histoire de l’abbaye et de la Terre de Saint-Claude. - 2 vol. - Montreuil-sur-Mer, 1892.

- BLANC (Annie) - “Les toits en pierres plates” in : Monumental n° 15, décembre 1996 : Couvertures polychromes. - Paris : Ed. du Patrimoine, 1996. - 95 p. : ill. (pp 34-37).

- BUSSOD (Michel) et JEAN-PROST (Michel) - “La petite fille des Rivières : historique de la lunetterie dans le canton de Morez”. Morez, 1996.

- BUYER (Louis et Suzanne de) - Faïences et faïenceries de Franche-Comté” - Cêtre, 1996.

- CARTIER (Jean) - “La tuile mécanique, une technologie du XXe siècle”. - in : Monumental n° 15 (op. cit.) (pp 26-31)

- DUHAMEL du MONCEAU (Henri-Louis), FOURCROY de RAMECOURT (Charles-René), GALLON et JARS - “ Les arts de la construction - L’art du tuilier et du briquetier “ - Paris, 1767-1768.

- GENOUDET (Maurice) - “Morez 1776 - 1976” - Morez, 1976

- GLAUSER (Daniel) - “Les maison rurales du canton de Vaud ; tome 1 : Le Jura vaudois et ses contreforts ”- Bâle : Société suisse des traditions populaires, 1989.

- GROTE (Michèle) - “Les tuiles anciennes du canton de Vaud”. - Lausanne : Cahiers d’archéologie romande, 1996 - (cahier n° 67) - 112 p. : ill. en coul. et n. et bl.

-Le PENNEC (Robert).-.“Compte rendu de fouilles.Tuilerie des Prés de Vafin”. - Direction des Antiquités Historiques de Franche-Comte 1987.

-Le PENNEC (Robert) - “Quatre tuileries dans la région de Saint-Claude”. - in : Bulletin des Amis du Vieux Saint-Claude n° 14, 1991.

- MORDEFROID (Jean Luc) - “Quel désert pour les pères du Jura ?”. - in : “Pensées, images et communication en Europe médiévale...” - Besançon : ASPRODIC, 1993.

- MORDEFROID (Jean Luc) - “Les Chartreux franc-comtois et la terre cuite au XVIIe siècle. Approche historique et archéologique des ateliers de potiers et des tuileries-briqueries de Nermier, Bonlieu et La Frasnée”. - in : “Travaux 1995 / Société d’Emulation du Jura, 1997.- (pp. 73-118) ill.en coul.

- “Patrimoine restauré” n° 12, juin  1996 - DRAC Rhône-Alpes

- PIERRE (Jean) - “Toits de laves” - Clessé, 1988 - 316 p. : ill.

- ROUSSET (A.) - “Dictionnaire géographique, historique et statistique des communes du Jura” - 6 volumes, 1853 - 1858.

- SUROT (Anne) et RUCHON (Marcel) - “Habiter la montagne” - CPIE de Franche-Comté, 1996.

- VOINOT (Jacques) - “La tuilerie de Lantenne-Vertière” - in : Barbizier n° 20, 1994 (op.  cit.)

- VUITTON (Henri) - “La tuilerie Raymond des Prés de Valfin” - in : Bulletin des Amis du Vieux Saint-Claude n° 1, 1977

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